L'impression 3D, ou fabrication additive, est en train de transformer radicalement le domaine de l'odontologie. Cette technologie innovante offre de nouvelles possibilités pour améliorer les soins dentaires, de la planification des traitements à la fabrication de prothèses sur mesure.
Cette conférence organisée par Zedental a réuni des experts de premier plan pour explorer les applications actuelles et futures de l'impression 3D en dentisterie :
Nemi Com a commencé par expliquer les principes fondamentaux de la fabrication additive. Contrairement aux méthodes traditionnelles soustractives comme l'usinage, l'impression 3D consiste à créer un objet en déposant des couches successives de matière.
Cette approche permet de fabriquer des pièces complexes à partir de modèles numériques 3D.
La fabrication additive englobe tout un écosystème, de la conception assistée par ordinateur à la numérisation 3D, en passant par la production et le post-traitement.
Différentes technologies existent, comme le dépôt de filament fondu (FDM) ou la stéréolithographie (SLA). Les matériaux utilisés peuvent être des thermoplastiques, des résines photosensibles, des céramiques ou même des métaux.
Delphine Prieur a ensuite présenté les multiples applications de l'impression 3D dans le secteur hospitalier.
La plateforme Prime3D qu'elle dirige offre un service d'impression 3D sur-mesure pour les hôpitaux de Paris. Les principaux usages incluent :
Un exemple frappant est l'impression de répliques de colonnes vertébrales de patients pour planifier des chirurgies complexes. Ces modèles permettent aux chirurgiens de visualiser et préparer l'intervention, améliorant ainsi la communication avec le patient et l'équipe soignante.
Delphine a souligné l'importance cruciale de la sécurité et de la réglementation. Les dispositifs médicaux imprimés en 3D doivent respecter des normes strictes de biocompatibilité et de traçabilité. Un système qualité rigoureux est nécessaire pour garantir la sécurité des patients.
Olivier Cambo a présenté la technologie PolyJet développée par Stratasys, leader mondial de l'impression 3D professionnelle. Cette technologie permet d'imprimer simultanément plusieurs matériaux avec une précision exceptionnelle.
Le principe de fonctionnement est similaire à celui d'une imprimante jet d'encre classique, mais au lieu de gouttelettes d'encre, ce sont des gouttelettes de résine photopolymérisable qui sont déposées. Couche après couche, la pièce 3D est ainsi construite avec une résolution pouvant atteindre 14 microns.
Les avantages de la technologie PolyJet pour l'odontologie sont nombreux :
Olivier a souligné que cette technologie ouvre la voie à de nouvelles applications comme l'impression directe de prothèses adjointes complètes en une seule pièce, avec des dents translucides et une fausse gencive texturée.
Benjamin Destresse a partagé son expérience en tant que prothésiste dentaire utilisant l'impression 3D au quotidien. Il a retracé l'évolution des imprimantes 3D dans son laboratoire, des premiers modèles aux machines actuelles haute précision.
Pour Benjamin, l'imprimante 3D est devenue un outil indispensable, en particulier pour la réalisation de bridges sur implants. La précision des modèles imprimés garantit une passivité parfaite des prothèses, éliminant les problèmes d'ajustement.
Benjamin a notamment évoqué une technique innovante de duplication de prothèses existantes. En scannant une ancienne prothèse, il peut imprimer un porte-empreinte individuel parfaitement adapté, facilitant grandement la réalisation d'une nouvelle prothèse.
Le Dr Eric Serfati a présenté les applications de l'impression 3D en orthodontie, en particulier pour la fabrication d'aligneurs transparents. Ces gouttières amovibles permettent de déplacer progressivement les dents, offrant une alternative esthétique aux bagues métalliques.
Le processus de fabrication des aligneurs comprend plusieurs étapes :
Eric a souligné que l'impression 3D a grandement facilité et démocratisé la production d'aligneurs personnalisés. Il a évoqué la possibilité future d'imprimer directement les gouttières, sans passer par l'étape du thermoformage.
Au-delà des aligneurs, l'orthodontiste a présenté d'autres applications comme l'impression de modèles pour la planification de traitements complexes ou la fabrication de contentions sur-mesure.
Tout au long du webinaire, les intervenants ont insisté sur l'importance cruciale des aspects réglementaires et de sécurité liés à l'utilisation de l'impression 3D en odontologie.
Delphine Prieur a rappelé que les dispositifs médicaux imprimés en 3D sont soumis au règlement européen 2017/745. Même pour un usage interne à l'hôpital, un système qualité rigoureux est nécessaire, comprenant :
La biocompatibilité des matériaux est un enjeu majeur. Comme l'a souligné Delphine, le terme "biocompatible" n'a de sens que pour un tissu et une durée de contact spécifiques. Par exemple, un matériau peut être biocompatible pour un contact cutané de 48h, mais pas pour un implant osseux à long terme.
Olivier Cambo a présenté les mesures de sécurité intégrées aux imprimantes Stratasys, comme le système de filtration de l'air et le circuit fermé des résines. Ces dispositifs visent à protéger la santé des utilisateurs en réduisant l'exposition aux substances potentiellement dangereuses.
Les intervenants ont souligné que la maîtrise de l'ensemble du processus est essentielle. Même avec des matériaux certifiés biocompatibles, une mauvaise mise en œuvre peut compromettre la sécurité du dispositif final. D'où l'importance d'une formation solide des praticiens et prothésistes à ces nouvelles technologies.
Les experts ont conclu en évoquant les perspectives prometteuses de l'impression 3D en odontologie. Parmi les développements attendus :
Toutefois, les intervenants ont rappelé que l'impression 3D ne remplacera pas totalement les techniques traditionnelles, mais viendra les compléter. L'enjeu est de choisir la technologie la plus adaptée à chaque cas clinique.
Face à ces évolutions rapides, la formation des professionnels dentaires aux technologies de fabrication additive devient cruciale. C'est dans cette optique que l'Université de Paris, en partenariat avec Zedental, propose un Diplôme Universitaire en Fabrication Additive en Santé.
Ce DU, coordonné par Nemi Com, vise à former les professionnels de santé à l'ensemble de l'écosystème de la fabrication additive. Le programme de 89 heures comprend :
La formation s'adresse aussi bien aux étudiants en formation initiale qu'aux professionnels en exercice souhaitant acquérir de nouvelles compétences. Son format condensé permet de concilier formation et activité professionnelle.
Les objectifs pédagogiques incluent :
Ce diplôme universitaire représente une opportunité unique pour les chirurgiens-dentistes, orthodontistes et prothésistes de se former aux technologies d'avenir qui transforment leur profession.
L'impression 3D est en train de révolutionner l'odontologie, offrant de nouvelles possibilités pour améliorer les soins dentaires et la fabrication de prothèses. De la planification des traitements à la production de dispositifs sur-mesure, cette technologie ouvre de nouveaux horizons.
Cependant, son adoption massive nécessite de relever plusieurs défis :
Les experts réunis lors de ce webinaire ont souligné l'importance d'une approche globale, intégrant à la fois les aspects techniques, cliniques et réglementaires. L'impression 3D ne remplacera pas les techniques traditionnelles mais viendra les compléter, offrant de nouvelles options thérapeutiques aux praticiens.
Pour tirer pleinement parti de ces innovations, il est crucial que les professionnels dentaires se forment et développent leurs compétences en fabrication additive. Le Diplôme Universitaire proposé par l'Université de Paris et Zedental représente une excellente opportunité pour acquérir cette expertise essentielle.
L'avenir de l'odontologie s'écrira en 3D, couche après couche, ouvrant la voie à des traitements toujours plus personnalisés et efficaces pour les patients.